Méthode utilisée
Le travail est un objet difficile à appréhender. Parler sans distinction de l’ensemble des secteurs d’activité, des branches professionnelles, des types d’entreprise, des catégories d’emploi, ou encore des territoires d’implantation n’a que peu de sens. Les situations de travail sont extrêmement hétérogènes, et les généralisations peuvent devenir rapidement glissantes. Sans compter que la crise écologique frappe inégalement les territoires et les catégories socio-professionnelles, ce qui ne facilite en rien l’analyse. Néanmoins, un certain nombre de signaux faibles atteste d’un changement profond de représentations et d’attentes envers les organisations professionnelles (entreprises, branches, syndicats, opérateurs de compétences, acteurs de la formation, etc.). Ce sont ces signaux faibles que nous essayons de saisir, de comprendre et de contextualiser dans le présent rapport.
Afin de produire une synthèse la plus complémentaire possible aux nombreux travaux déjà existants, nous avons opté pour une approche à plusieurs niveaux. Premièrement, nous avons réalisé un état de l’art approfondi, avec la lecture d’une centaine d’articles, scientifiques comme journalistiques, et de rapports institutionnels (indiqués en notes de bas de page). Puis nous avons mené une trentaine d’auditions avec des personnalités d’horizons divers, toujours dans cette recherche de signaux faibles. Nous avons ainsi rencontré cinq profils « experts » (chercheurs et chercheuses en philosophie, sociologie et ergonomie, experts au sein d’agences nationales – Ademe et Anact notamment), une dizaine d’acteurs des branches professionnelles (opérateurs de compétences, partenaires sociaux, organismes de formations) et une quinzaine de professionnels, principalement dans les secteurs des ressources humaines et de la RSE, mais à des degrés de responsabilité variés (alternants, chargés de mission, directeurs). La liste des personnes auditionnée est accessible en annexe.
En parallèle de ce travail exploratoire, la Fondation The Adecco Group a mandaté l’institut de sondage Occurrence pour réaliser une enquête sur la manière dont la transition écologique était perçue par les salariés et les dirigeants d’entreprises. Notre analyse s’appuie sur une quinzaine de chiffres-clés de cette enquête ; ils nous ont permis de mettre en perspective les réflexions et les intuitions que nous avons recueillies durant la phase d’auditions. Les graphiques que nous avons mobilisés sont également consultables en annexe.
Ce travail exploratoire s’est déroulé de mars 2022 à décembre 2022. Il a été suivi par un comité de pilotage rassemblant une quinzaine d’acteurs issus du monde académique, institutionnel et professionnel (voir liste des membres en annexe). Nous profitons de cet espace pour remercier chaleureusement l’ensemble des membres pour leur bienveillance, et le temps qu’ils ont consacré au suivi de cette étude. Ce rapport présente une synthèse des différents matériaux que nous avons recueillis. La synthèse a été facilitée du fait de la convergence des constats et des analyses qui nous ont été partagés, malgré la diversité des profils et des acteurs rencontrés . Convergence qui témoigne, une fois de plus, de la maturité et de l’actualité du sujet.
Le rapport se décline en trois parties. Premièrement, nous essayons de cerner pourquoi le travail a, pendant des décennies, été absent des réflexions portant sur la transition écologique alors même que l’on observe un consensus sur la nécessité de changer nos modes de vie, nos modes de production et de consommation. Comment expliquer ce phénomène ? Comment cela se traduit-il dans les organisations ? Dans la deuxième partie, nous nous intéressons aux nouvelles acceptions du travail qui émergent avec la crise écologique. Comment cela s’exprime-t-il chez les salariés ? Quels effets sur les entreprises ? Enfin, dans la troisième et dernière partie, nous proposons des pistes pour repenser, en pratique, le travail à l’aune des impératifs de l’urgence écologique : périmètre de l’activité, contenu des métiers, cadre d’emploi, conditions d’exercice, modes de gouvernance, etc. Nous synthétisons ces pistes dans la conclusion, en espérant que ce premier travail sera repris et poursuivi par d’autres organismes.
[1] Les approximations liées à l’exercice de synthèse ne seraient être imputées qu’aux seules rédactrices de ce rapport.
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