2.3.3. Pourquoi est-ce si difficile pour les entreprises ?

Dans un post Linkedin du 10 décembre 2022, Pascale Boissier, cofondatrice de Silbo, un cabinet de conseil en communication et accompagnement aux transitions, s’interroge :

« Depuis quelques mois, nous ressentons un effet de saturation grandissant : que ce soit du côté des décideurs ou des équipes, le niveau d’information [sur les enjeux écologiques] est monté d’un cran (la loupe médiatique est aussi passée par là) et la frustration qui l’accompagne aussi. Même si nous avons toujours à apprendre et comprendre, « nous savons ». Et pour beaucoup, la mise en action tarde à s’enclencher concrètement. Et l’agitation qui l’entoure tend à l’inhiber encore plus… L’inertie n’est pas forcément généralisée, mais elle est bien là. »


Pascal Boissier (2022), « Arrive-t-on au bout du cycle des #FresquesduClimat, du moins dans le monde professionnel ? », Linkedin.

Au-delà des discours, les actions menées ne sont aujourd’hui pas assez massives pour réellement changer la donne. Contenir le réchauffement climatique à +1,5°C apparaît de plus en plus compromis ; de nombreuses organisations marquent déjà un rétropédalage en communiquant autour d’un objectif à +2°C. Or, +0,5°C n’est pas une option, les conséquences en seraient catastrophiques pour tous, y compris d’un point de vue économique De plus, comme le rappelle le climatologue Zeke Hausfather, l’avenir n’est pas encore joué : « Les meilleures connaissances disponibles montrent qu’au contraire, le réchauffement devrait plus ou moins s’arrêter lorsque les émissions de dioxyde de carbone (CO2) seront nulles, ce qui signifie que l’Homme a le pouvoir de choisir son avenir climatique » Alors qu’est-ce qui bloque ?

Habituellement, quand on regarde les stratégies RSE, on classe les entreprises en trois catégories : celles qui se situent en deçà des exigences réglementaires et ne déploient aucun effort dans les domaines relevant de la RSE (catégorie qui tend à décroître du fait de la pression croissante des réglementations et des risques indus à leur non-respect), celles qui cherchent avant tout à maintenir un profit optimal et utilisent la RSE essentiellement pour limiter les risques financiers (catégorie encore majoritaire), et les entreprises dites motrices qui font de la RSE un élément-clé de la pérennisation de leur activité (réduction des coûts, légitimité accrue, différenciation sur le marché – catégorie en croissance) Cette approche nous paraît réductrice dans la mesure où elle peut laisser entendre qu’une meilleure diffusion de la RSE et de ses enjeux suffiraient à créer un mouvement de bascule et inciter les entreprises à intégrer la RSE au cœur de leur modèle. Comme souvent, la réalité est plus complexe

Pour comprendre les contraintes qui pèsent sur les entreprises et les marges de manœuvre à leur disposition, nous proposons une entrée par trois niveaux : les déterminants macro, les déterminants méso et les déterminants micro.


[1] Pascal Boissier (2022), « Arrive-t-on au bout du cycle des #FresquesduClimat, du moins dans le monde professionnel ? », Linkedin.

[2] Bon Pote (2022), « Limiter le réchauffement climatique à seulement +2°C au lieu d’1.5°C est irresponsable ».

[3] Zeke Hausfather (2021), « Explication : Le réchauffement climatique s’arrêtera-t-il dès que les émissions nettes seront nulles ? », CarbonBrief.

[4] Cette typologie trouve ses origines chez Archie B. Carroll (1979). Elle a été reprise par Béatrice Bellini (2003), et encore plus récemment dans un article de 2016 portant sur la RSE dans les PME : Élise Bonneveux et Richard Soparnot, « Les stratégies de responsabilité sociale des petites et moyennes entreprises : quels effets pour quelles parties prenantes ? », RIHME, n°20.

[5] La suite de cette section s'appuie grandement sur les résultats de cette note : Yaël Benayoun, Ptolémé Lyon, Domitille Pestre-Careel (2021), « Étude sur la responsabilité sociale des entreprises dans le BTP : Synthèse de la phase d’exploration », Utopies x Observatoire des métiers du BTP. Consultable sur demande.

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